En ce jour de septembre 2014 un autre scientifique a tenu à lui rendre hommage le professeur Yves Carton, Directeur de recherches émérite au CNRS, ancien élève de l’Institut Pasteur qui a écrit ces quelques mots pour la cérémonie de ce matin.
« André Paillot reste pour moi le Scientifique qui a le plus contribué à la connaissance du mode de défense des organismes (connu aussi sous le terme de l’ "Immunité").
André Paillot est recruté en 1911 à Beaune, pour lutter contre les vers de la grappe de la vigne. Il imagine très tôt qu’une lutte biologique contre ces ravageurs pouvait être envisagée par l’utilisation de leurs bactéries pathogènes, à deux conditions : une bonne connaissance de ces bactéries mais aussi de savoir si ces insectes ravageurs sont capables ou non de se défendre contre ces agents microbiens.
Pour parfaire sa formation en bactériologie et immunologie, il va faire de longs séjours de 1912 à 1915 à l’Institut Pasteur de Paris.
L’Institut Pasteur représente indéniablement à l’époque en France, le temple des recherches sur la bactériologie et l’immunologie. En particulier, y travaille un scientifique remarquable, Elie Metchnikoff (1845-1916) qui a découvert le mécanisme de l’immunité cellulaire (ou phagocytose), qu’il croit unique dans tout le règne animal et dont il en fait un dogme.
Pour cela, il a reçu le prix Nobel en 1908.
Mais déjà des travaux laissent à penser que des facteurs du sérum, les anticorps (ou immunoglobulines) peuvent protéger les vertébrés suite à une agression bactérienne (on parle alors d’immunité humorale).
Mais ses élèves sont pressés de montrer que seule l’immunité cellulaire est fonctionnelle : leurs observations sur l’absence d’anticorps anti-bactériens chez les insectes plaident a contrario pour la seule immunité cellulaire.
André Paillot aurait pu suivre cette voie par conformisme.
Il va rejoindre le laboratoire de Saint Genis-Laval pour étudier les maladies bactériennes des insectes, en vue du développement d’une lutte biologique contre les ravageurs des vergers et des cultures. Il va en assurer le rayonnement. C’est là qu’il va démontrer l’existence chez ces insectes de facteurs antibactériens, induits suite à une agression de bactéries pathogènes, facteurs qui n’ont rien à voir avec les anticorps.
André Paillot avait eu l’audace de s’émanciper de la pensée unique et prendre une voie originale pour ses recherches. 70 ans plus tard, ses résultats seront repris en France, bien sûr avec des moyens d’investigations autres, conduisant Jules Hoffmann, directeur de recherches au CNRS à Strasbourg, à se voir décerner en 2011 le prix Nobel.
Le récipiendaire ne manquera de rappeler à Oslo lors de son discours, qu’André Paillot avait été un précurseur dans la découverte de ces facteurs qui se sont avérés de nos jours avoir un pouvoir antibactérien bien supérieur aux antibiotiques. Il ne pouvait pas y avoir un plus bel hommage rendu à André Paillot, tant pour l’originalité de ses travaux, que pour ses retombées.
De plus, les préoccupations d’André Paillot restent d’actualité et s’inscrivent bien dans les cursus de microbiologie agro-alimentaire développés au lycée de Saint Genis. D’ailleurs quelle reconnaissance posthume merveilleuse pour André Paillot, de voir son nom dédié à votre grand Lycée.
Fait à Versailles, le 29 Août 2014. »
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le 4 septembre 2014
Nous sommes en ce matin de rentrée scolaire rassemblés pour rendre hommage au savant entomologiste André Paillot dans le lycée qui porte désormais son nom.
C’est un moment de grande fierté pour ses 11 petits-enfants encore vivants (sur 13), ses 29 arrières petits-enfants issus de ses 4 enfants Jean, Renée, Claude et Jacqueline malheureusement tous décédés.
Je suis un de ses petits-fils né bien après sa mort.
Le seul de ses petits-enfants qui a pu profiter de sa tendresse bourrue (c’est une des traductions familiales de son caractère) Jean-Michel Paillot est présent et je suis heureux qu’il soit à mes côtés aujourd’hui avec son épouse Anne.
Je veux aussi remercier les représentants de l’ASPAL l’ancien président Yves Pellet, Mme Emmanuelle Grégoire-Joly et M. Michel Riera qui m’ont beaucoup aidé lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire familiale en transcrivant les cahiers intimes de ma grand-mère .
Ces cahiers destinés à Jacqueline ma mère, déportée résistante racontent la vie de la famille Paillot pendant cette sombre période (et par là-même les derniers mois de la vie d’André Paillot).
Sans l’ASPAL qui a été sollicitée par la direction du Lycée lorsqu’il s’est enfin agi de le dénommer, je ne serais sûrement pas là à parler ce matin.
Merci, grand merci.
Merci au collectif de professeurs qui a organisé avec les élèves le processus de dénomination du LEGTA (je prononce une dernière fois ce nom à la consonance un peu rugueuse). J’ai eu des échanges de mails avec Mme Odile Dumont mais je sais qu’ils étaient nombreux dans l’affaire.
Merci à tous et toutes.
Merci à Monsieur le proviseur Desliens qui a rapidement (sans attendre la date d’aujourd’hui) pris les choses en main pour que le LEGTA devienne le lycée André Paillot pour tous les publics, les autres administrations.
Merci à l’exécutif de la Région Rhône-Alpes représenté ce matin par Madame Florence PERRIN conseillère régionale déléguée qui fin 2012 a pris la décision de dénommer l’établissement du nom d’André Paillot.
Merci à l’éducation nationale qui a permis que soit organisé un processus collectif de désignation et qui au final a entériné cette dénomination.
Je profite du fait que nous sommes dans une année riche en commémorations (70ème anniversaire de la libération de Lyon aujourd’hui même et 100ème anniversaire du début de la guerre 14/18) pour dire que la vie et la carrière d’André Paillot ont été fortement marquées par l’Histoire des 2 guerres mondiales.
L’arrivée de la Grande Guerre a failli faucher en pleine jeunesse ce brillant scientifique qui avait déjà eu le temps d’aborder de grands sujets comme la lutte biologique en agriculture. (j’en reparlerai tout à l’heure)
Le 27 novembre 1914 le sergent Paillot est grièvement blessé dans la forêt d' Apremont (Meuse) Sa blessure le conduit pour la première fois à Lyon au début de 1915 dans un hôpital provisoire dans le 6ème arrt (devant l’afflux des blessés les hôpitaux classiques étaient débordés).
Il y rencontre une femme à la trajectoire extra ordinaire (au sens propre) une artiste violoniste suisse dont le père était né en France et la mère d’origine allemande, Germaine LeCoultre notre grand-mère.
Pour Germaine LeCoultre, la souffrance n’avait pas de frontière comme la musique dans laquelle elle et sa famille toute entière étaient plongées.
Elle aurait pu choisir d’aller dans un hôpital allemand mais elle a choisi la France.
Après ce coup de foudre, les choses sont allées très vite : mariage avec André à la mairie du 6ème en janvier 16, naissance du premier enfant en août de la même année, puis une 2ème naissance en 17, année de leur installation à Saint-Genis dans la grande propriété louée par le ministère de l’agriculture pour les travaux d’André Paillot qui, réformé suite à ses blessures est nommé directeur de la station de zoologie agricole de Saint-Genis Laval.
2 autres enfants en 19 et 22.
Commence la période de l’entre deux guerres où la carrière de notre grand-père s’épanouit.
Docteur ès sciences en 1923, il partage son temps entre l'Entomologie appliquée et la Pathologie des Insectes. Dans la nouvelle Faculté de Médecine de Lyon, une salle lui sera spécialement réservée dans le Service d'Histologie du Professeur POLICARD. Là, en compagnie du Docteur NOËL, il met au point la plus grande partie de ses dernières études histophysiologiques. Puis il fait des synthèses de ses immenses connaissances.
En 1928, il publie un traité des maladies du Ver à soie, qu'il complète en 1930 par un deuxième volume.
En 1931, il donne le premier ouvrage moderne sur les Insectes nuisibles des Vergers et de la Vigne : il y met au point des traitements et des méthodes qui ont été, depuis, largement vulgarisés.
En 1933, paraît son livre sur l'infection chez les Insectes, qui révise les connaissances acquises jusque-là et qu'il a enrichies considérablement.
Sa renommée grandit et son œuvre reçoit des récompenses scientifiques.
En 1930, il est chevalier de la Légion d'honneur. En 1933, il est nommé membre correspondant de l'Académie d'Agriculture. En 1935, il reçoit le prix FRÉMONT de l'Académie des Sciences.
En 1936, il est nommé Directeur du laboratoire de Pathologie des Invertébrés créé à la Faculté de Médecine de Lyon par l'École des Hautes Études.
Pour l’entomologie appliquée, il disposait d’un parc de 2 ha à côté de la mairie (résidence ?) mais cela ne lui suffisait pas. Il se fit construire une automobile laboratoire qu’il utilisait pour des interventions aux 4 coins de la France sur des foyers d’épizootie mais aussi pendant les vacances de la famille où il ne pouvait pas ne pas travailler au grand dam de ses enfants.
La guerre ne l’arrêta pas : c’est ainsi qu’au printemps 44 il effectua 2 missions à Figeac et dans le Puy de Dôme en pleine période de la pire répression allemande.
Un décret du 18 janvier 1941 avait investi le Centre d’Entomologie appliquée de Saint-Genis-Laval de nouveaux pouvoirs : il établissait à Lyon et pour toute la région du Sud-Est un Institut Pasteur, institut unique en France, dont les travaux entomologiques étaient particulièrement orientés sur l’étude des maladies du ver à soie et des abeilles. Il publia en 1943 son ouvrage sur l’Abeille (ouvrage collectif rédigé avec son assistante Mme Granger et un scientifique polonais réfugié en France Stanislaw Kirkor)
André Paillot mena une sorte de double vie tranquille pendant la 2ème guerre mondiale :
la maison de Saint-Genis était une plaque tournante de la Résistance (des amis de la famille et des amis d’amis membres de divers réseaux et la famille elle-même) mais André Paillot devait aussi y recevoir des scientifiques allemands en uniforme envoyés par son administration de tutelle (on trouve nombre d’anecdotes dans les cahiers intimes de sa femme)
A la libération de Saint-Genis, le comité local de Libération proposa à André Paillot d’être maire : il répondit par la négative disant que le maire Girard maintenu à son poste par le gouvernement de Vichy s’était conduit en patriote et qu’il n’y avait pas de raison de le démettre.
4 mois après à la veille de Noël, il décédait brutalement sans avoir revu sa fille. Il est enterré avec sa mère son frère et sa sœur au nouveau cimetière de la Guillotière.
Son éloge funèbre paru dans la Revue de Zoologie Agricole et Appliquée du deuxième Semestre 1947 se termine par « Ainsi s'est achevée l'existence de ce savant, qui était sans doute l'homme du monde qui connaissait le mieux les maladies des Insectes ».
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Extrait du quotidien lyonnais "Le Progrès"
Un panneau a été dévoilé pour l’occasion à l’entrée de l’établissement
par le proviseur Yannick Desliens conjointement avec Pierre-Yves Gautier,
petit-fils d’André Paillot.
Représentant la famille de cet éminent scientifique
saint-genois, ce dernier a exprimé « sa grande fierté de voir le nom de son
grand-père accolé à celui du lycée agricole de Saint-Genis-Laval. » La fille
d’Yves Carton, directeur de recherche émérite au CNRS, a livré à l’assistance
un témoignage scientifique de son père à propos du travail d’André Paillot : «
Il a participé à la lutte biologique contre les insectes qui ravagent les
cultures […] et ouvert une voie originale pour la recherche […] Jules Hoffman,
prix Nobel de médecine en 2011, lui a d’ailleurs rendu hommage. »
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Titre : Les peptides antibactériens inductibles des insectes (voir page 1)
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http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/medicine/laureates/2011/hoffmann-lecture_slides.pdf
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LES GRANULOVIRUS, DE VERITABLES AGENTS DE CONTROLE DE RAVAGEURS ; CAS DU VIRUS DE LA GRANULOSE ET DU CARPOCAPSE (voir introduction page 37)
Laboratoire de Génie de L’environnement Industriel,
Ecole des Mines d’Alès
6, Avenue de Clavières. 30319 Alès
Marie Berling et Miguel López-Ferber
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Sur le site books google.fr par Jean Louveaux
Voir la table des matières "formation du groupe de travail Apiculture"
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sur le site de La Recherche, un article où le nom de André PAILLOT est cité dans une démonstration qui ouvre beaucoup d'espoirs pour l'humanité.
A noter que Jules Hoffman cité dans l'article, fondateur de Entomed, vient de recevoir le prix Nobel de médecine (avec un américain et un canadien)
Rédigé à 16:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
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